Il y a un an, la PlayStation 5 pointait le bout de son nez en France. Un an d’une mise en route en mode Diesel avec des exclusivités qui se sont fait attendre, mais des chiffres de ventes qui donnent le tournis malgré la pénurie et la difficulté à trouver la nouvelle venue. Un an à en attendre monts et merveilles. Et le bilan n’est finalement pas si mal.
Bon anniversaire, la PS5 ! Il y a un an, la console de Sony se lançait à son tour en France (une semaine après les États-Unis), devancée de peu dans l’Hexagone par les Xbox Series S et Series X. La bataille pour la nouvelle génération du jeu vidéo était enfin lancée.
Un an plus tard, les chiffres plaident largement en faveur de la PlayStation 5 qui s’est écoulée à plus de 12,8 millions d’unités vendues selon les chiffres annoncés par Ampere Analysis mi-novembre. C’est quasiment deux fois plus que les Xbox Series X⎢S (6,7 millions cumulés). Et dire qu’elle reste introuvable pour beaucoup en raison des problèmes de pénuries… Mais pour nous, c’est aussi l’heure de dresser le bilan d’un an de relations plus ou moins tumultueuses.
Un design dont on finit par se ficher
La dernière console de Sony a fait débat à sa sortie sur son design. Trop massive, trop blanche, trop moche pour certains et très bruyante pour d’autres bien mal lotis… elle a eu son lot de superlatifs en tous genres, pas toujours positifs. Mais tous les goûts sont dans la nature. Voilà plus d’un an qu’elle est arrivée chez Frandroid pour que nous puissions vous proposer alors un test écrit et en vidéo. De très nombreux jours en sa compagnie à tester des jeux, jouer et même vous proposer des lives sur notre chaîne Twitch.
J’avoue que ce ne fut pas l’amour au premier regard. Pour ceux qui s’en souviennent, ouvrir la boîte et la déballer fut déjà gaguesque tant elle impressionnait niveau encombrement, avec un design hautement discutable dont la blancheur hospitalière n’était pas spécialement pour me ravir…
Mais un constat au bout d’un an : elle a pris place à côté de mon téléviseur et je ne prête plus attention à son gabarit. Je ne vais pas vous dire pour autant que je ne la trouve pas trop grosse, mais j’ai fini par oublier ce point et elle s’est fondue dans le décor. Car son intérêt est ailleurs pour moi : quand je l’allume.
Comme tout le monde, j’ai pesté sur la liste des jeux et les soi-disant exclusivités qui arrivaient. C’était un peu comme acheter une voiture sans essence pour moi, même si vous aviez la possibilité d’aller siphonner votre ancien réservoir. Spider-Man : Miles Morales était sympa, mais j’aurais pu continuer à y jouer sur PS4. De son côté, Demon’s Souls Remake était une resucée new look d’un jeu PS3, avec les travers de son grand âge (punaise, laissez-moi aller où je veux dans le décor !).
Les autres jeux arrivaient sur toutes les plateformes, anciennes et nouvelles. Je dois avouer que j’ai pris un réel plaisir sur Astro’s Playroom, la première véritable exclusivité de la PS5. C’était malin, ludique, pas toujours si facile qu’on ne le croit et extrêmement agréable pour se familiariser avec la manette DualSense, la très bonne surprise avec ses gâchettes adaptatives et son retour haptique. Niveau sensations, bienvenue dans une nouvelle ère plus immersive ! Mais pas suffisant non plus pour justifier l’investissement à ce moment-là.
Patience, patience…
Sur la technique et les performances, il n’y avait rien à dire de cette PS5. Elle était annoncée puissante, avec une technologie promettant un jeu fluide, plus beau jusqu’en 4K HDR/120 fps et proposant plus de possibilités, une immersion audio 3D de qualité aussi. Mission remplie sur les premiers titres « compatibles » et sur les anciens qui — merci la rétrocompatibilité — pouvaient aussi tourner sur la console et se bonifier quelque peu.
La PlayStation 5 offre en cela une expérience de jeu de haut vol, avec des temps de téléchargement même sur les titres plus anciens qui sont nettement améliorés (x5 parfois), la reprise instantanée comme le Quick Resume des Xbox Series qui est un vrai bonheur. Sur Ratchet & Clank Rift Apart, le passage d’une dimension à une autre, d’un point à un autre de l’écran sans voir la console tirer la langue ou bloquer, quel bonheur ! Mais, ce que l’on voulait, c’était davantage de jeux pour en profiter pleinement.
À la différence de Xbox qui mise sur ses multiples partenaires et son Game Pass pour offrir une expérience de jeux variée, sur de multiples supports, Sony veut convaincre les joueurs de rejoindre son camp à coup d’exclusivités. Pour l’un, c’est « venez comme vous êtes pour jouer où vous voulez ». Pour l’autre, « venez chez nous, les jeux sont meilleurs qu’ailleurs ».
Chacun sa stratégie et elle se défend, même si l’américain commence à jouer la carte des exclusivités aussi avec ses multiples studios et que le japonais lorgne le PC pour offrir plus de débouchés à ses titres exclusifs et multiplie à son tour les rachats de studios (sans doute aussi pour qu’ils évitent de partir à la concurrence). Tout cela ne fait finalement le bonheur que d’un seul : le joueur. Nous.
Une bibliothèque d’exclusivités qui finit par s’ouvrir
Patience est mère de toutes les vertus, dit-on. Et cela s’est vraiment justifié au niveau du catalogue. Si techniquement, la PS5 n’a pas déçu, au niveau des jeux non plus finalement. Avec un peu d’attente. Certes, si vous êtes abonnés PS+, vous avez pu profiter des meilleurs titres de la génération précédente grâce au PS+ Collection et sa vingtaine de jeux phares qui ont ainsi fait le transfert vers la nouvelle génération. J’ai rejoué avec plaisir à Detroit : Become Human et j’ai fini enfin Uncharted 4 (oui, il me restait lamentablement la fin à faire après toutes ces années). J’ai repatouillé d’autres jeux que j’avais aimés sans avoir besoin de retrouver les disques ou autres, et avec mes sauvegardes à disposition. Un petit « + » non négligeable.
Pour aller plus loin
Test de la PS5 Digital Edition : faut-il tout quitter pour vivre en dématérialisé ?
Mais au fil des mois, la bibliothèque PS5 s’est, elle aussi, bien garnie d’exclusivités : l’excellent Returnal et ses morts à répétition à s’arracher les cheveux, Deathloop et son concept un peu barré de mort en boucle temporelle (décidément), le poétique et immanquable Kena : Bridge of spirits (même s’il est aussi sorti sur PC et PS4, il est bien plus beau sur PS5), sans compter sur les titres plus grand public, mais très agréables : Sackboy : a Big Adventure, Soulstorm OddWorld désormais disponible partout, et tant d’autres.
Évidemment, Sony y est allé aussi des versions reboutiquées et améliorées de titres à succès précédents. Et ils ont été parfaitement servis par les prouesses techniques de la console. On pense notamment à deux jeux qui misaient beaucoup sur leurs performances visuelles, Ghost of Tsushima Director’s Cut et Death Stranding Director’s Cut, qui ont signé leur retour dans des versions enrichies (et pas toujours gratuites…), ainsi qu’à des améliorations grâce aussi à l’ajout du retour haptique de la manette DualSense. Des plaisirs coupables pour des jeux déjà interminables.
À titre personnel, l’un de mes coups de cœur a été pour un jeu sans prétention sur lequel j’ai passé des heures, Maquette, un titre d’Annapurna Interactive pour la PS5 qui est sans doute passé sous le radar de beaucoup et c’est bien dommage. Un véritable jeu de casse-tête en multi-dimension dans lequel vous passez les éléments de la maquette de votre environnement à la vie réelle (gare aux changements de taille) pour progresser.
Je ne saurais trop vous recommander sa découverte pour son histoire, sa poésie et surtout — comme toujours chez cet éditeur — une excellente bande sonore. Mais préparez vos nerfs aussi et affûtez votre cerveau pour déchiffrer certaines séquences !
Pour son premier anniversaire, Sony a dévoilé la liste des titres les plus joués en millions d’heures, parmi « les plus de 360 jeux produits sur PS5 ». Une liste aussi intéressante que paradoxale. Le premier jeu exclusif PS5 n’arrive qu’en 9e position (Demon’s Souls), devancé par Marvel’s Spider-Man : Miles Morales.
« Au total, les joueurs PS5 ont joué plus de 4,6 milliards d’heures sur la console et ils ont diffusé plus de 26 millions d’heures de contenu », se félicite Jim Ryan, le patron de Sony Interactive, dans un communiqué. Autant d’heures pour voir en numéro un… Fortnite ! Un jeu gratuit, jouable absolument sur de nombreux supports et depuis longtemps, qui devance les habitués : Call of Duty, FIFA et NBA 2 K. Les générations passent, les habitudes restent.
Les jeux les plus joués sur PS5
- Fortnite
- Call of Duty: Black Ops Cold War
- FIFA 21
- NBA 2K21
- Assassin’s Creed Valhalla
- Destiny 2
- MLB The Show 21
- Marvel’s Spider-Man: Miles Morales
- Demon’s Souls
- NBA 2K22
Données récoltées entre le 12 novembre 2020 et le 30 septembre 2021
Faites des jeux nouvelle génération !
Alors au bout d’un an avec la PS5, où en est-on toutes les deux ? Notre relation est au beau fixe. Je dois aussi vous dire qu’elle a sa rivale Xbox Series X de l’autre côté de la TV (j’étais une joueuse plutôt Xbox One X) et j’alterne entre les deux, selon les jeux auxquels je veux jouer. L’une n’a pas les (mêmes rares) exclusivités que l’autre, à laquelle il manque toujours une offre équivalente au Xbox Game Pass pour le simple plaisir d’aller fouiner en quête d’un improbable jeu indé à découvrir. Mais c’est avec ma PS5 que j’ai aussi pris d’assaut d’excellents titres d’éditeurs tiers (It Takes Two, Tales of Arise, Watch Dogs Legion, NBA 2K21, etc.).
Vous pouvez me parler technique tant que vous voulez, j’achète une console avant tout pour jouer et jouer bien. Si j’ai quelques reproches à faire, ou des attentes toujours pas assouvies, après un an de relation intensive avec la PS5, c’est de voir plus de jeux arriver pour profiter de tout le potentiel de la console, qu’ils soient de Sony ou d’ailleurs.
Oui, certains ont pris du retard et les derniers PlayStation Showcases — de qualité inégale — ont néanmoins laissé entrevoir beaucoup d’espoirs, pas seulement autour de Horizon Forbidden West, mais d’autres titres annoncés en exclusivité sur la PS5 « courant 2022 » au mieux. On a hâte de voir Ghostwire : Tokyo et son environnement fourmillant qui pourrait mettre à profit la puissance de la console. Mais on sait qu’on attendra encore un peu God of War Ragnarok et Gran Turismo 7, le jeu type qu’il faut à la PS5 pour marquer les esprits.
L’aspect de la PS5 de vouloir virer vers un centre de divertissement en multipliant les partenariats avec Apple (Music et TV+ sont disponibles), l’ajout de Disney+ et bien d’autres encore m’intéressent nettement moins, même si je peux comprendre que pour certains, la console soit au cœur de tout. Xbox a essayé par le passé avec sa console de vouloir en faire trop, c’est souvent au détriment de l’essentiel de sa mission.
Et puis l’interface arbore quelques bonnes idées (les cartes de jeu, les aides si vous êtes abonnés PS+), mais elle est encore parfois peu intuitive et il faut naviguer dans le menu comme sur l’accueil pour trouver son jeu s’il est un peu ancien ou que vous ne l’aviez pas rechargé. Mais bon, vu que le stockage est un peu léger et qu’il faut forcément repasser par de l’ajout de SSD pour cela… (carton jaune là-dessus pour l’éternité à mon avis !).
Mais nos souhaits pour l’an 2 de la PS5 concernent aussi et surtout la DualSense. Sans manette, pas de jeu et elle était au cœur de la proposition. Elle promet tant de possibilités qu’on reste encore sur notre faim à simplement mieux ajuster la vitesse d’un tir ou le choix d’une arme en appuyant plus ou moins fort sur la gâchette, en ressentant une surface traversée par le héros grâce au retour haptique. On ne veut pas forcément qu’elle se décline de toutes les couleurs, qu’elle ajoute une dimension à la VR ou autre. On veut qu’elle serve. Et faites quelque chose pour son autonomie aussi !
Alors certes, la PS5 se fait toujours désirer pour beaucoup et tant qu’elle ne se généralisera pas plus, il sera difficile d’inciter les développeurs à écarter de leur esprit une PS4 vendue à plus de 100 millions d’exemplaires. Mais c’est aussi en ça que le jeu vidéo fera un véritable bond dans le futur pour progresser encore plus sur le fond et la forme.
On veut de belles histoires, bien écrites et bien mises en scène. Des jeux fluides et créatifs dans leur gameplay pour montrer qu’ils évoluent. Plus d’énièmes déclinaisons, remakes, remastered et tutti quanti de jeux qu’on a déjà éprouvés, et qu’il faut repayer ! La pénurie de composants tient entre ses mains l’avenir de la PS5, mais il ne faudrait pas qu’elle ne soit aussi sa meilleure excuse pour avancer petitement. Ou bien cela finira par se voir alors qu’elle a tout pour voguer vers un futur radieux…
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